• L'Ombre de la Tour du Magicien

    La Tour des Magiciens. Construite il y a fort longtemps, cette tour haute de soixante-cinq mètres était une école de magie. Elle se situait au nord-ouest de Tell'Eda, isolée au fin fond d'une immense forêt. Des centaines d'enfants présentant des aptitudes magiques étaient envoyés par leurs parents à l'âge de cinq ans. Puis, pendant deux ans, ils y étudiaient l'art magique, les potions, les langues et tout ce qui touchait en règle générale à la magie. A l'issue de ces deux années, seuls trente-trois d'entre eux, les plus doués, étaient retenus, approfondissant leurs études jusqu'à l'âge de vingt ans. Le premier de la classe était alors sélectionné pour devenir le prochain mage qui enseigneraient à la prochaine génération. Les autres se dispersaient ensuite dans tout le continent, ayant pour mission d'aider le peuple et de le soigner. En temps de guerre, ils pouvaient aussi être un atout de taille. Ces magiciens étaient des garants de la vie, preuve de la bonté humaine et du bon côté de la magie.

    Enfin, tous sauf un : Inuwa.

    Ce bel homme, aux cheveux châtains, aux yeux bruns pétillants de malice et au sourire charmant n'était pas aussi bienveillant que l'on pourrait le croire. Il avait suivit la formation aux côtés de ses camarades, montrant toujours plus de soif de savoir et d'ardeur. De nature érudit, il passait son temps dans la bibliothèque de la tour, parfois au détriment de ses repas ou du sommeil. Devant tant d'ambition et de curiosité, le mage en chef de l'époque, Jadü, en resta bouche bée et fit vite d'Inuwa son petit préféré. Le jeune garçon s'en vit ravit et redoubla d'effort pour devenir le meilleur de la classe. De part sa nature d'érudit et son caractère égoïste, Inuwa n'avait pas d'amis, ses camarades de classe n'acceptant pas ses remarques présomptueuses et raciste envers les autres peuples. Mais Jadü ne remarquait rien, il était tellement en admiration devant celui qu'il appelait "le meilleur élève que je n'ai jamais eu ", qu'il faisait outrance des ténèbres qui rongeait peu à peu le coeur de l'enfant.

    Arrivé à l'âge de seize ans, il commençait à radoter des idées racistes à propos des autres peuples vivant près de Tell'Eda : les elfes et les fées. Ses camarades, alarmés, prévinrent le mage en chef qui se mit à leur rire au nez, croyant à une blague. Il pensait que les jeunes gens avaient exagérés le caractère d'Inuwa. Mais il n'en était rien. Ce dernier s'alimentait de livres de guerres, de récits d'histoire sanglants, mettant au point un plan afin de se débarrasser des autres populations. Le jeune homme châtain profitaient des sorties à l'extérieur de la tour pour se procurer des plantes vénéneuses et tester des potions sur les rongeurs que le grenier abritait. Il imagina un moyen de décimer entièrement les elfes et les fées, jugeant ces peuples inférieurs aux humains. Inuwa ne comprenait pas pourquoi on autorisait ces créatures à vivre si près, puisqu'elles n'adoraient en rien les mêmes dieux que les humains et n'arboraient pas les mêmes cultures.

    Les autres élèves étant de plus en plus inquiets par l'état mental de leur camarade, maintenant âgé de dix-huit années, décidèrent d'alerter une énième fois le mage en chef. Jadü s'énerva franchement contre eux, usant même de violence et de magie pour les faire taire. Sous le choc, les jeunes hommes prirent la décision de surveiller jour et nuit Inuwa. Quelques jours plus tard, Jadü leur annonça une mission spéciale : Fhrenieäth, la future cheffe du clan elfique de la forêt était gravement malade. Il décida donc de laisser ses élèves l'accompagner dans cette tâche qu'il aurait fait seul d'habitude. Ses intentions étaient claires, montrer à tous qu'ils avaient tort au sujet d'Inuwa.

    En se rendant sur l'île où les elfes vivaient ces derniers, les élèves se rendirent compte de la situation. Fhrenieäth était atteinte d'un mal douloureux et long à soigner. Etant la future cheffe elfe, sa vie était plus qu'importante, ainsi Jadü s'attela immédiatement à la guérir. Tandis que le mage en chef était occupé presque jour et nuit auprès de l'elfe, sollicitant ses élèves pour aller lui chercher plantes et remèdes, un d'entre eux restait à l'écart. Inuwa se sentait mal à l'aise au sein du clan elfique. Il ne comprenait pas ses êtres étranges aux coutumes différentes de celles des humains.

    Les elfes vivaient en clan, pas en famille ni même en différents villages. Ils vivaient tous ensemble dans un camp caché dans une dense forêt,  de grandes constructions rondes en bois servant de maisons. Certaines étaient au sol, d'autres suspendues dans les arbres, cela dépendaient de qui elles abritaient.

    Les elfes étaient divisés en trois catégories principales : ceux qui soignaient appelés lharaith, ceux qui chassaient appelés lhovaith et ceux qui combattaient appelés lhijaith.  Les lharaith étaient au nombre de neuf ou dix, ils maitrisaient l'art des plantes, des massages et des pierres. C'étaient principalement des hommes et peu de femmes devenaient lharaith. Tandis que les lhovaith étaient à peu près équitables niveau parité hommes et femmes au contraire des lhijaith, une classe réservée aux femmes, bien que de rare exceptions existaient. Les méthodes de chasse et de combat étaient extrêmement  spécifiques aux elfes et ils en les partageaient pas avec les humains.

    Les autres elfes étaient les citith, les jeunes qui apprenaient auprès des isnimith, les vétérans.  Et enfin, les darionith, au nombre de trois qui conseillaient et guidaient la cheffe.

    Chaque  classe du clan elfique de la forêt, avaient leurs propres maisons, celles qui appartenaient aux lharaith étaient en bois de tamaris tissé avec du chêne ; celles des lhovaith en bois de spirée tressé avec du cèdre et enfin celles des lhijaith en bois de laurier-sauce et de sapin. Dans chaque maison vivait deux ou trois familles hormis dans les huttes des lhijaith qui étaient toutes célibataires et qui vivaient par six ou sept. Les maisons les plus douées et anciennes étaient situées en hauteur, à l'abri des créatures terrestres tandis que les moins reconnues et les nouvelles se trouvaient à même le sol. Enfin une grande hutte, faite dans tous les bois, se trouvait au centre du village, abritant les citith et les isnimith. Et puis, la maison de la cheffe, située sur les plus grands arbres, entourée de celles des darionith.

    L'évolution de la vie des elfes était la même pour tous. Lorsqu'une lhovaith ou une lharaith donnait naissance, leur maison s'occupait de l'enfant jusqu'à ses deux ans, avant de le confier aux isnimith qui l'élevait et lui enseignait un peu de chaque discipline. Ensuite, à l'âge de dix ans, le jeune elfe décidait de la voix qu'il emprunterait et rejoignait une maison de la catégorie choisit afin d'approfondir son apprentissage. Il s'élevait ensuite dans les rangs, devenant pour certains des darionith. Une fois devenu trop vieux ou incapable de continuer pour quelconques raisons, il retournait avec les isnimith afin de participer à l'éducation de la prochaine génération.

    Il n'en était pas de même pour les enfants-chefs, les risith. Il y avait une cheffe par clan, une dirigeante. Lorsqu'elle enfantait, elle élevait elle-même son rejeton jusqu'à ses huit ans. Ensuite, la fillette  bénéficiait des conseils et du savoir  des darionith, sans jamais entrer en contact avec le reste du clan. Enfin, à ses dix-sept ans, elle était présentée aux elfes et avait le droit de circuler librement dans le camp. La future cheffe passait ensuite deux ans de maisons en maisons afin d'apprendre à se battre, à chasser et à soigner. Âgée de dix-neuf ans, elle sortait pour la première fois du camp et assistait à ses premières restifaelth, des sortes d'assemblées que les trois clans tenaient à rythme régulier.

    Mais tout cela ne faisait qu'approfondir les différences entre leurs deux espèces pour Inuwa. S'il écoutait attentivement les elfes qui racontaient à ses camarades curieux leur fonctionnement, c'était afin de mieux préparer son plan.

    En secret, il décida d'attaquer le clan, afin de le détruire, puis de faire de même avec les deux autres clans elfiques et les fées qui vivaient sur une île voisine. Mais pour ce faire, il devait venir à bout de la méfiance que lui portait ses compagnons.

    Durant tout le séjour, il montra alors un autre visage : un garçon confiant qui s'intéressait aux autres, les aidaient sans aucune distinction de race. Si ce changement soudain surpris les autres élèves, il les rassura. Les magiciens crurent alors qu'Inuwa avait finit par ce rendre compte que les elfes et toutes leurs cultures étaient intéressants, méritant d'exister. Même si certains étaient encore sceptiques, ils finirent par se convaincre qu'Inuwa n'était pas aussi cruel et raciste qu'ils l'avaient crus. Celui qui rayonnait dans l'histoire c'était Jadü, fier d'avoir eu raison au sujet de l'enfant et de l'avoir prouvé.

    L'illusion dura jusqu'à la dernière nuit que passerai les magiciens avec les elfes. Fhrenieäth était guérit et Jadü avait annoncé leur retour à la tour. Inuwa décida de mettre son plan à exécution. Les elfes organisèrent un festin de départ pour remercier les magiciens d'avoir soigné leur future cheffe. Viande et plantes furent au rendez-vous, plats et boissons traditionnels des elfes. Tous s'amusèrent, y compris Inuwa qui fidèle à son masque discutait joyeusement avec les elfes. Mais en secret, il jubilait.

    Bientôt, tous s'endormirent. Tous, sauf un. Inuwa se leva alors, ravi de sa petite mascarade. Il avait réussi à glisser de la poudre de pavot dans les boissons afin de pouvoir commettre son crime en toute impunité. Il commença alors sa besogne.

    Le jeune homme assassina  Fhrenieäth, lui tranchant la gorge : plaisir personnel.  Il se plaça ensuite au centre du camp et usant d'un pouvoir de feu destructeur, déclencha un incendie. Le feu se propagea dans les arbres à une vitesse folle, dévorant tous sur son passage, maisons comme végétaux, se resserrant peu à peu vers le centre du camp, où se trouvait regroupés tout les elfes.

    Mais la gloire d'Inuwa fut de courte durée. Une autre personne était éveillée. Une personne puissante, immunisée contre le pavot. Jadü. Le mage en chef fut atterré de découvrir la trahison de celui qu'il considérait comme son meilleur élève et comme son fils. Mais l'incompréhension laissa vite place à une colère sans nom.

    Le magicien déchaina toute sa fureur dans un combat épique, l'opposant à Inuwa. Leurs forces se complétaient, si bien qu'on ne pouvait dire si l'un surpassait l'autre. L'affrontement dura longtemps, si longtemps que plusieurs personnes se réveillèrent. Avant qu'ils n'eurent le temps de comprendre ce qu'il se passait, les magiciens s'engagèrent à leur tour dans le combat. Les elfes essayaient quant à eux d'éteindre le feu et de sauver leurs proches qui brûlaient. Une fois cela fait, ils prirent part au combat à leur tour.

    Inuwa fut vite surpassé et maitrisé. Ce fut non pas Jadü qui mit fin à ses jours mais une cheffe elfe en larmes, tenant contre elle le cadavre de sa fille.

    Une fois le monstre terrassé, les magiciens se confondirent en excuses. Mais le mal était fait : une grande partie du clan avait périe, enfants comme adultes. Brûlés. Calcinés. Ou tout simplement gravement blessés dans l'affrontement contre Inuwa. Ce dernier les avait privés de leur future cheffe. Fhrenieäth était sur toutes les lèvres et tous pleuraient sa perte. Malgré leur désir d'aider les elfes à reconstruire leur camp détruit et à se débarrasser de leurs morts, ces derniers refusèrent amèrement. La cheffe elfe les chassa de son camp, vociférant insultes et menaces.

    Et depuis ce jour, les elfes, tout clan confondu détestent la magie.  Aucun être magique n'est accepté sur leur île, sous peine d'être mis à mort. Les humains sont encore acceptés, tant qu'ils ne possèdent aucun pouvoir. Malgré tout, les relations restent assez tendues.

    De même pour les humains. A partir de cet événement, beaucoup se mirent à craindre les magiciens et des mouvements anti-magie virent le jour.

    Inuwa n'était pas le premier raciste, pas le premier à privilégier l'être humain. D'autres pensaient comme lui. Mais c'était le premier magicien à commettre un attentat aussi énorme.

    Les inscrits à la tour du Magicien furent plus rares, les parents craignant pour leurs enfants, certains des magiciens ayant également succombé dans l'attaque. Jadü fut renvoyé et beaucoup, notamment les parents des défunts, réclamèrent sa tête, estimant que c'était de sa faute.  L'ancien mage en chef ne se laissa pas faire mais à force de faire face aux reproches et aux insultes, il s'exila. Personne ne sut ce qui advient de lui et personne ne le saura jamais. 

    Beaucoup de rumeurs virent le jour, certains affirmant qu'il s'était suicidé, d'autres qu'il vivait reclus dans la forêt entourant la tour.

    Mais qui connaît la vérité hormis l'intéressé lui même ?

    Ce qui est sur, c'est que les plans d'Inuwa ont été découverts juste à temps. Mais en sera-t-il de même à chaque fois ? Il ne sera pas le dernier. Y aura-t-il d'autres attentats du genre ?

    Seul le temps nous le dira.

     

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    Et voilà la deuxième nouvelle ! Bon la première était plus un petit texte, celle ci est plus longue ! :3 Je l'ai plus racontée en mode légende qui correspond plus au titre de ce livre ! Il y aura à la fois des légendes mais aussi d'autres petits textes comme "Bain de Nuit".

    Bref, cette nouvelle introduit un lieu important de Tell'Eda : la tour du magicien. Mais également des conflits présents dans ce monde magique ! Et le sujet principal, une des causes de ces conflits. Sans oublier de commencer à présenter les elfes.

    La prochaine longue nouvelle sera Illa, le petit dragon blanc qui est une légende. Après, je ne cache pas qu'il est possible qu'il y ait un autre petit texte entre les deux, si l'envie m'en prend !

    Je commence enfin à me lancer dans l'écriture de ces nouvelles même si je suis loin d'avoir finit la création de l'univers. D'une part, parce que j'ai envie d'écrire et que je ne peux pas me permettre de commencer l'écriture du tome sans avoir finit la création de l'univers (et j'avance pas des masses là dessus x) et d'une autre part parce que j'ai envie d'avancer et de mettre du contenu sur ce blog.

     

    Ha si ! faites pas gaffe au dessin moche fait vite fait.


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